Ma mère, prénommée Marie Madeleine, est née le 6 mars 1921 à l'hôpital de MAYENNE, dans le département du même nom.
"Petite" complication, elle est née de père inconnu.
Sa mère s'est retrouvée enceinte et abandonnée à l'âge de 18 ans. Aux dires de la famille, celle-ci travaillait à l'époque dans un château, peut-être comme femme de chambre. Il est donc possible qu'il s'agisse d'"amours ancillaires", et que ma mère ait du "sang bleu" dans les veines. C'est en tous cas ce que lui a sussuré un jour dans l'oreille sa tante et marraine Madeleine Buchaut, témoin de l'époque ; elle avait elle-même 14 ans au moment de "l'événement".
Ce que je sais aussi par ma mère, c'est que les deux sœurs étaient invitées parfois au château d'Ambrières (aujourd'hui la mairie) à des fêtes; elles espéraient secrètement y trouver de bons partis. Mais cela a dû se passer plus tard, la sœur d'Yvonne en 1920 était trop jeune.
En 2014, mes recherches à ce sujet en Mayenne ne m'ont pas permis de trouver d'élément susceptible de corroborer la réalité d'une telle filiation.
Yvonne a emporté son secret dans sa tombe. Ma mère a apparemment manqué de curiosité: elle n'a jamais cherché, semble-t-il, à en savoir plus.
Marie Madeleine est donc d'abord enregistrée à l'état civil, à Mayenne, sous le nom de sa mère: Buchaut.
Quand Yvonne Buchaut, sa mère, épousera à Versailles, neuf ans plus tard, Félix Turcaud, celui-ci reconnaîtra la petite Madeleine, dont le patronyme deviendra donc: Turcaud.
C'est à la famille BUCHAUT que nous nous intéresserons donc d'abord.
Les BUCHAUT, une famille modeste de journaliers.
C'est très tardivement, en 2014, que j'ai entrepris une recherche sur ma famille maternelle. Au départ, je voulais tenter de percer le secret de l'identité soigneusement tue par Yvonne Buchaut du père de son enfant. Peine perdue.
J'ai à cette occasion "rencontré" aussi la famille Buchaut, notamment grâce à un passage aux archives départementales de Laval, lors d'un court voyage en Mayenne qui m'a permis de découvrir "le pays de ma mère" où je n'avais jamais mis les pieds.
Les Buchaut semblent originaires de Saint-Loup du Gast, un village proche
d'Ambrières-le-Grand (aujourd'hui "Ambrières les Vallées").Je suis remonté jusqu'à
Pierre Abel Buchaut, né à Saint Loup du Gast (année à vérifier).
AMBRIERES: la Varenne est surplombée par l'ancien château de Jean SILLARD, devenu la mairie.
Son fils
Louis Buchaut , journalier, est en revanche né à Ambrières en 1868, ce qui indique un déplacement de la famille dans la ville importante la plus proche; il épousera
Marie Fourneau, née semble-t-il en 1867 à Saint-Loup du Gast. Il semble qu'elle faisait des ménages.
Le couple aura cinq enfants:
Yvonne, née en 1902, et
Louis, né en 1903, sont les deux aînés. Lors du recensement de 1906, la famille, encore réduite à ces quatre éléments, vit au n°1 de la rue de Gorron à Ambrières. Jean-Marie Pierre, pupille de l'assistance publique né en 1902, est hébergé par la famille à l'époque.
Le recensement de 1911 nous indique que deux autres enfants sont nés:
Madeleine (en 1906) et
Joseph (né en 1908). Le recensement de 1926 indiquera bizarrement "Marcel" au lieu de "Joseph". Mystère...En 1911, la famille habite rue de la Folie, près de la rivière, au pied du "château" qui surplombe le site.
Le dernier enfant sera un garçon:
André naîtra en 1915.
Souvenirs, souvenirs.
Le recensement de 1920 nous apprend que la famille a une nouvelle fois déménagé et habite à présent au
1, rue du château, dans la partie haute de la ville.
Ce sera le cadre de la petite enfance de ma mère.
La maison d'enfance de ma mère, au 1, rue du château. C'est devenu le musée des Tisserands.
Quand elle naît en 1921, la famille est donc composée, outre les parents, d'Yvonne (19 ans) ,qui est donc hébergée par ses parents avec son bébé, de Louis, 18 ans, de Madeleine, 15 ans ,de Joseph 13 ans et d'André 6 ans, guère plus vieux que sa nièce Marie Madeleine!
C'est
Madeleine ,que l'on surnommera par la suite "la Buffette", qui sera choisie comme marraine pour la nouvelle née.
Louis Buchaut, à cette époque, sera employé comme jardinier au "château", en fait une grosse maison bourgeoise appartenant à l'ingénieur Jean Sillard, et qui deviendra après la seconde guerre mondiale la mairie d'Ambrières. Elle est construite à l'emplacement d'un ancien château-fort édifié par Guillaume le Conquérant. Ma mère m'a souvent dit que son grand-père l'emmenait toute petite dans les jardins du château quand il y travaillait.
Le "château" de Jean Sillard, aujourd'hui la mairie d'Ambrières.
Elle se rappelle aussi que sa grand-mère la portait sur son dos pour aller à l'école afin qu'elle ne se mouille pas les pieds.
Elle se souvenait aussi qu'elle accompagnait son grand - père à la pêche, au bord de la Varenne, près du pont (détruit depuis pendant la guerre, un autre a été reconstruit un peu plus loin).
L'environnement de la petite Marie-Madeleine semblait bienveillant.
Tout ce petit monde grandit. Ma mère m'a souvent parlé en s'en amusant de ses trois oncles, qui, le samedi, éméchés sans doute, faisaient régulièrement le coup de poing avec d'autres gars du pays.
La petite Marie-Madeleine fréquentera bientôt l'école de filles d'Ambrières, sous le nom de sa mère. "Les gamins me surnommaient "la bûche", m'a-t-elle raconté." Mais je ne me laissais pas faire".
Sa mère qui avant sa naissance avait travaillé comme employée de maison, vraisemblablement dans un château d'après le récit familial, fut ensuite serveuse dans un restaurant de la ville.
Louis Buchaut, le grand-père.
Quand nous parlions d'Ambrières, d'autres souvenirs émergeaient : ainsi elle revoyait sa mère descendant la route qui menait de la partie haute de la ville jusqu'à la rivière en poussant une "brouette" remplie du linge qu'elle allait y laver. En fait il s'agit, plus que d'une brouette, d'une sorte de caisse montée sur roues dans laquelle la " lavandière" s'agenouillait pour tremper son linge dans l'eau.
Que sont-ils devenus?
Madeleine Buchaut, tante et marraine de ma mère, épousera Albert Onfroy. Félix Turcaud fils, demi-frère de ma mère,son épouse Josette, leur fille Brigitte, seront très proches d'eux. Ils habitaient Paris, et avaient une maison à Ambrières . Le couple est enterré au cimetière d'Ambrières.
A ce jour nous n'avons trouvé aucune autre trace dans les archives des oncles de ma mère, et nous ne disposons d'aucune photo d'eux. Selon le témoignage de Josette, épouse de Félix Turcaud , Louis Buchaut fils aurait habité Saint-Fraimbault, non loin d'Ambrières, avec son épouse Joséphine, et ils auraient eu cinq enfants. Une des filles de Louis Buchaut fils, prénommée Yvonne, se serait mariée avec un certain Claude Pottier. Ils avaient une location à Saint-Fraimbault et étaient les gardiens d'un terrain de camping; ils seraient allés habiter ensuite Flers dans le Calvados.
Madeleine Buchaut et son époux Albert Onfroy entourent ici Josette Turcaud et sa fille Brigitte.
(Ambrières - années 70)
Une autre de ses filles, Denise, aurait épousé un châtelain: ils auraient habité dans la région parisienne du côté de Fontainebleau, et auraient eu un château en province. Ma grand-mère Yvonne y aurait été souvent invitée. La fille et petite fille d'un journalier châtelaine, quel renversement !
Le second oncle, Marcel (ou Joseph) serait resté vieux garçon.
Le troisième, André, serait entré dans la milice pendant la guerre, à la grande honte de la famille. Quand il venait voir sa sœur Yvonne à Versailles, elle le cachait dans le grenier! Il serait finalement mort tué par un allemand à qui il refusait de donner son vélo: un acte de résistance tout de même, à l'issue tragique!
Mise à jour du 23 février 2015.
voir la suite : d'AMBRIERES LE GRAND à VERSAILLES:
http://jsatto.blogspot.com/2016/04/dambrieres-le-grand-versailles.html