mercredi 20 avril 2016

Les années Versailles (suite).La famille Turcaud. De l'entrée dans la vie active au mariage.(années 1939-1942).

 LA FAMILLE TURCAUD.

Les années Versailles, ce sont d'abord les années Turcaud. Le temps passe, un 3e enfant naît, Claude ; les enfants grandissent. Marie Madeleine devient une ravissante jeune fille, comme nous l'avons vu dans l'article précédent. Un petit point d'abord sur la famille...


    Cette photo doit dater de 1940 : la famille est réunie, sauf  Félix père qui prend la photo. A gauche, c'est le grand-père Louis Buchaut, venu vraisemblablement d'Ambrières rendre visite à la famille. Il a mis son costume du dimanche et s'est coiffé de son chapeau melon. Il était donc encore vivant à cette époque. En revanche, aucune image de la grand mère Buchaut, elle avait sûrement déjà disparu.
Ensuite vient Yvonne Turcaud, la mère ; à l'arrière se trouve vraisemblablement la tante Madeleine, dite "la Buffette"; à côté, c'est "petit Claude", c'est ainsi que l'appelle la famille affectueusement; il est le petit dernier, hélas il ne grandira pas, car il sera victime d'un accident de vélo  (vers 14 ans, je crois). Ma mère en hommage appellera son 2e fils Jean-Claude.
Devant se trouve Félix, le premier né après ma mère. Celle-ci a alors 19 ans . Elle le tient tendrement contre elle. Vient enfin Geneviève. A quelle occasion la famille est-elle réunie ? Pour la communion de Félix? Il semble qu'il porte un brassard de communiant accroché à l'épaule gauche. Il a donc 11-12 ans, et Geneviève peut-être 8, Claude 6 ?


                 Cette autre photo, datée elle, visiblement prise le même jour, confirme nos hypothèses.
                                          
                                      Adorée par son beau- père...

Et avec son beau-père, cela se passe-t-il bien à l'époque? D'après certains témoignages de la famille, oui. " Si quelqu'un  dans la famille voulait quelque chose, il passait par Madeleine (ma mère); Félix (le père) lui passait tout!" m'a-t-on dit. Donc apparemment il adorait sa belle fille. Il y eut cependant cette divergence de vues sur le mariage de la jeune Madeleine: Félix père avait son candidat... Madeleine lui tint tête , et épousa celui qu'elle avait choisi. Déjà du caractère!


Ici, à droite, Félix Turcaud père à côté d'Yvonne, son épouse ; à gauche Albert Onfroy et son épouse Madeleine, née Buchaut, la sœur d'Yvonne, et la marraine de ma mère. Au centre une personne non identifiée (cousine?).

               DE L'ENTREE DANS LA VIE ACTIVE AU MARIAGE.

A quel moment exactement la jeune Marie Madeleine entra-t-elle dans la vie active? Je l'ignore. Jeune sans doute, peut-être à 17 ans, puisqu'elle m'a toujours dit qu'Yvonne Gué, qui possédait une boutique de mode rue Hoche, et un important atelier de couture où étaient confectionnés les modèles vendus, lui a "tout appris", l'a formée à la couture (ma mère m'a dit avoir accédé à la fonction de "première main" par exemple), à la présentation d'une vitrine ... Elle a formé son goût aussi, et l'élégance de ma mère à cette époque, aux tenues vestimentaires à la pointe de la mode, lui doit sûrement quelque chose. Aucune photo de cette époque, que ma mère a souvent évoquée avec nostalgie, ne subsiste. Nous avons juste retrouvé un document: une carte postale envoyée d'Alger par Yvonne Gué à ma mère, qui pendant ce temps s'occupait vraisemblablement du magasin:


Une carte postale d'Algérie envoyée par sa patronne.


Nous n'avons pas le message complet: ce qui ressort c'est d'abord le fait que sa patronne l'avait prise en affection ("Ma chère petite Madeleine"), mais l'emploi du vouvoiement marque une distance, un respect. Yvonne Gué semble souffrante, d'où peut-être une prise de vacances. En même temps , elle parle d'ennuis, le magasin a peut-être des problèmes dans le contexte de la guerre.

A la fin de la carte, il est question de "Mme Longatte". De cette époque, ma mère avait gardé une amie , rencontrée dans l'atelier de couture, qui elle aussi avait contribué à la former: Marguerite Longatte. Une complicité s'était établie entre elles. Elle en fera plus tard ma marraine. Avec son mari René et sa fille Jacqueline, on se fréquentera de loin en loin bien au delà de la guerre. Marguerite Longatte était présente à mon mariage, le 13 juillet 1968. René, lui, était décédé: à sa mort, j'assistai pour la 1e fois à un enterrement, cela me marqua. Par la suite, nous  avons perdu de vue Marguerite et sa fille.


Une des rares photos conservées de Marguerite Longatte (à droite) le jour de la communion de sa fille Jacqueline (le cliché date de 1947).

Le magasin de mode d'Yvonne Gué avait-il définitivement fermé à cause de la guerre? Ma mère ensuite travaillera comme vendeuse dans une bijouterie de Versailles, dont j'ai oublié le nom du propriétaire :" Nous nous amusions à refiler tous les nanars aux officiers allemands qui venaient à la boutique", m'a-t-elle raconté.

                            LA RENCONTRE ET LE MARIAGE.

Fin 1939 , début 1940? mon père, alors militaire (avait-il été affecté à Versailles, c'est probable; il s'y fera muter ensuite en tant qu'employé de banque en 1941) croise dans la rue une jolie jeune fille, et, selon ses dires, c'est immédiatement le coup de foudre. Surmontant sa timidité, il fait demi-tour, la suit...

S'ensuit une liaison de deux années avec  Marie Madeleine Turcaud, alors employée au magasin de mode...en attendant qu'elle soit majeure...
Est-ce parce que Félix Turcaud père n'avait pas donné son consentement? On se rappelle qu'il avait un autre candidat...


Mes parents forment un joli couple, bien assorti. Ils sont presque de la même taille. Celle-ci est ma préférée, Marie Madeleine y arbore un joli sourire.


Il y a de la tendresse dans celle-ci, mais ma mère y a un air sévère, presque dur. Attention, l'ange n'est pas toujours commode...

Ils semblent très amoureux: "Je crois que vous vous aimez comme des petits fous" écrit à mon père son frère Maurice en février 1940. Au dos d'une photographie que ma mère adresse à mon père, on peut lire ce message daté du 2 avril 1940: "Une photo qui est bien laide, mais votre petite Mado, qui est sur celle-ci, vous envoie beaucoup de baisers très doux...et elle fait un beau sourire comme son petit Jean aime bien".

"Mado": c'est vrai qu'on l'appelait ainsi dans la famille, y compris dans celle de mon père.

Le 11 avril 1942, Marie Madeleine (Mado) , âgée de 21 ans, deviendra sa femme.


Pour la mariée, pas de grand tralala, mais toujours cette élégance à la mode, avec la touche du bibi blanc posé sur le front. On reconnaît au premier plan les frères et sœur, plus une petite non identifiée.
La famille Turcaud est aussi représentée notamment par Madeleine dite La Buffette (2e en partant de la gauche),et Yvonne (2e en partant de la droite);la famille Sattonnay l'est par "la grand-mère" (3e en partant de la gauche), Marie-Thérèse, Léon, Andrée, frère et sœurs de mon père -les trois derniers du dernier rang à droite . D'autres personnes restent non identifiées.


                On retrouve ici les trois enfants Turcaud avec les mariés: Félix, Claude et Geneviève.

Ma mère m'a souvent dit que ce qui l'avait décidé à s'engager était la certitude que mon père était "un garçon sérieux".
Il n'était pas question pour elle de vivre une expérience qui reproduise ce qui était arrivé à sa mère...

6/5/2016.











                     

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