Le souvenir que ma mère a laissé le plus souvent chez ceux qui l'ont approché, si j'en crois les témoignages que j'ai pu recueillir, est celui d'une "jolie femme". Ainsi on me rapporte qu' une de mes cousines, Josette, qui ne l'a connue que vers les années 50-60, se souvient d'"une jolie femme, toujours élégante". Marc, qui fréquentait mes parents plutôt dans les années 70-80, semble avoir gardé un grand souvenir de ma mère: il parle de "sa gentillesse, sa générosité, sa vivacité d'esprit" et ajoute: "Une jolie femme". Et puis, je me rappelle ce cri du cœur de Josette, belle sœur de ma mère, au funérarium le 1er avril dernier, en découvrant le corps dans le cercueil: "Elle aura été belle jusqu'au bout", ajoutant même "on dirait une poupée". Large illusion de sa part, créée par le traitement spécial que les pompes funèbres réservent aux corps des défunts, car les derniers temps ma mère avait tellement maigri qu'elle n'avait plus que la peau sur les os et était méconnaissable. Mais ces paroles sont significatives de l'idée que Josette, comme d'ailleurs sa fille, ma cousine Brigitte, se faisaient de ma mère pour laquelle elles avaient, je crois bien, une certaine admiration. Comme nous
Marie Madeleine Turcaud jeune fille.
1943 : 22 ans...Et coiffée à la mode...
évoquions le mystère de sa naissance, qu'elle emportait avec elle ( ma mère est née de père inconnu, et selon sa marraine, témoin de l'époque, elle aurait du "sang bleu" dans les veines), et comme je disais qu'on lui avait peut-être fait croire cela pour la consoler de sa situation de "fille sans père", ma tante Josette se récria: "Ah non! Elle est racée!". Elle était en effet très différente physiquement du reste de sa famille: elle était grande, avec une plutôt belle allure, dans une famille où sa mère et sa demi-sœur notamment étaient petites et d'un physique disons très ordinaire. Le physique de ma mère à lui seul avait toujours corroboré aux yeux de la famille l'affirmation de cette marraine quant à une filiation paternelle noble de ma mère, filiation que malgré mes recherches en 2014 en Mayenne je n'ai
1946 à Besançon : maman et toujours élégante...
Versailles,1947: de g à dr : ma mère à 26 ans, avec Yvonne sa mère, sa demi-sœur Geneviève (14 ou 15 ans) le gros bébé c'est moi, dans les bras de son demi- frère Félix (17 ans ).
Années 50: la trentaine radieuse...
1957 lors d'une réunion de famille: ma mère (sourire éclatant) a 36 ans.
De g à dr: Marie-Thérèse, sœur de mon père, ma grand- mère paternelle, ma cousine Josette, ma mère et mon petit frère.aux services de professionnels de la coiffure, et de ne pas laisser blanchir ses cheveux. Et nonagénaire, on lui faisait encore des compliments sur la réussite des ses permanentes, qu'elle appréciait.
Son physique lui a d'ailleurs permis à deux occasions, à Dijon en 1947 et à Juan les Pins en 1956 , de "faire le mannequin" épisodiquement.
Ce qui est certain, et on peut le vérifier sur les photographies au fil du temps , elle a toujours paru plus jeune que son âge, du moins dans la 2e moitié de sa vie - car au contraire, dans sa jeunesse, à cause de sa taille, elle "faisait" plus âgée! A ce sujet, je me souviens d'une anecdote: nous avions pris elle et moi exceptionnellement le bus dans Grasse pour aller je ne sais plus où, et elle s'est mise à protester tout haut contre les cahots du voyage; deux dames à cheveux blancs assises en face alors
s'indignèrent "Vous verrez, quand vous aurez 70 ans comme nous, comme vous apprécierez d'avoir un bus pour vous transporter, Madame" lança l'une d'elles. " Quel âge croyez-vous que j'aie, Madame ?", rétorqua ma mère. A cette époque, ma mère avait bien 85 ans!
1978: 57 ans, avec mon père à Saint-Raphaël.
Août 1990 : 69 ans.
Grasse juillet 1997: mon père (81 ans) et ma mère (76 ans) lors d'une balade dans l'arrière pays.
A 30 ans, comme à 60, son physique était donc remarqué, et je me souviens qu'à 88 ans, elle dut encore éconduire un soupirant qui lui faisait des propositions de mariage!
Et elle a gardé une certaine allure jusqu'au bout, même si la fatigue, la maladie, l'amaigrissement ont fini par altérer ses traits.
"Dites à votre maman de garder son caractère".
Mais sa personnalité aussi a séduit certaines personnes: "Dites à votre maman de garder son caractère" m'a dit la dernière infirmière qu'elle ait eu à Grasse avant d'entrer dans une maison de retraite. J'ai pu remarquer l'engouement qu'elle avait été capable aussi de susciter de la part d'une ou deux jeunes femmes qui faisaient office d'infirmières dans la résidence pour seniors avec services où mes parents ont habité pendant plus de vingt ans à Grasse. "Qu'est- ce qu'on a ri toutes ces années avec Mme Sattonnay" me disait avec tristesse l'une d'elles, au moment où il fallut prendre la décision douloureuse du départ vers un structure plus adaptée à ses problèmes. Ma mère avait un esprit facilement critique, et était volontiers moqueuse. Elle avait sûrement parfois la dent dure. En même
temps, elle s'attachait et accordait sa confiance à qui lui convenait , et c'est ce mélange qui sûrement était à la base de ces sympathies. Dans les 5 ou 6 dernières années de sa vie à Grasse, elle a lié une relation quasiment d'amitié avec Marie-Laurence, son auxiliaire de vie, dotée elle aussi d'une plutôt forte personnalité... Vers la fin, elle la voyait presque comme sa fille , la fille - complice qu'elle avait toujours rêvé d'avoir, elle qui n'avait eu finalement que des garçons...
2009: 88 ans, à Grasse.
Toujours coquette, avec ses petits chapeaux.
Ma mère a donc su susciter quelques attachements dans sa vie: elle nous a souvent parlé de celle qui l'avait formée dans le domaine de la couture et de la mode dans sa jeunesse, une certaine Yvonne Gué (orthographe incertaine), qui possédait une boutique de mode à Versailles, rue Hoche. "Elle m'a tout appris ", disait-elle . Grâce à elle, de la couture à l'aménagement d'une devanture de magasin, elle a acquis une compétence, et son goût s'est formé. La patronne séjournait parfois en Algérie et lui laissait la responsabilité de la boutique, cela marque une jeune fille!
Et puis un jour elle a croisé dans une rue de Versailles un jeune homme, mon père, qui fut ébloui, rebroussa chemin, la suivit... Et c'était parti pour toute une vie.
Quel ne fut pas mon étonnement beaucoup plus tard quand j'appris que ma mère, en cure à Chasles les Eaux, elle qui n'avait aucune culture, s'était fait sur place une nouvelle amie, qui n'était autre que mon ancienne professeur de Lettres de 3e et 2e au lycée de Saint - Maur des Fossés, Melle Isnard, la culture faite femme à mes yeux!
25/4/16.
(1) Voir à ce sujet la page: "La petite enfance à Ambrières le Grand".
Deux expériences de mannequinat :
petites récréations dans sa vie de mère de famille...
Dijon 1947: présentation d'une collection de la maison de couture Oudebert.
A suivre: ma mère et la famille.
A voir aussi:
- la petite enfance à Ambrières le Grand : http://jsatto.blogspot.com/2016/04/la-petite-enfance-ambrieres-le-grand.html
- D'Ambrières le Grand à Versailles: l'adolescence.
http://jsatto.blogspot.com/2016/04/dambrieres-le-grand-versailles.html
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