lundi 25 avril 2016

MARIE MADELEINE SATTONNAY, ma mère ,

   

Ainsi donc ma mère est "partie" à son tour vendredi 25 mars 2016, vers 23h30, dans sa maison de retraite, peu après que nous ayons fêté ses 95 ans,  au terme d'une séquence de quelques mois très chaotique, faite de moments désespérés et désespérants, et d'incroyables résurrections...Je m'y attendais : depuis quelque temps, on ne cessait de me répéter que ma mère était en "fin de vie"; depuis quelques jours, j'avais compris qu'elle était en train de s'en aller. Elle ne mangeait ni ne buvait plus. Elle répondait de moins en moins à mes stimulations. La veille même, elle respirait encore, mais n'était déjà plus là. J'étais sûr que le coup de fil fatal ne tarderait pas.
Nul n'est immortel, et j'avais senti que cette fois son heure était venue.
J'ai eu la chance de "garder" mes parents très tard , mon père a disparu à 94 ans, elle à 95. Il ne faut pas trop exiger de la Nature.
Elle disait souvent qu'elle en avait "assez": il y a sûrement mieux en effet qu' une vie de dépendance, clouée dans un fauteuil roulant, surtout avec des écarts de santé qui se multipliaient.
J'ai la satisfaction de l'avoir accompagnée jusqu'au bout, conformément au vœu exprimé par mon père quand il a senti que sa tête "flanchait". J'ai eu le plaisir de pouvoir lui apporter par ma présence régulière des moments de réconfort dans cette fin d'existence morose. Je garde un bon souvenir de ces moments lumineux où nous prenions le soleil dans la cour de la maison de retraite, ou dans le petit salon du 2e étage, celui de sa chambre. Passer l'après midi au soleil, une de ses rares joies , elle qui était allée le chercher pendant des années à Grasse.


Ma mère (93 ans) en août 2014, dans la cour de la maison de retraite pour un petit bain de soleil.

J'ai aussi une angoisse de moins: celle qu'il "m'arrive quelque chose" avant que sa vie ne se termine. Car alors, je me demandais qui aurait pu gérer ses affaires et surtout lui apporter aussi régulièrement que moi la présence affectueuse qui l'aiderait à vivre. Elle n'avait plus dans les derniers temps, pour s'occuper d'elle, que moi, et elle me disait parfois que si elle ne me voyait plus, elle se laisserait mourir.
L'idée d'un tel abandon m'était insupportable.
J'ai aimé cependant les visites que lui faisaient, assez régulièrement , en ma présence, sa belle sœur Josette, et sa nièce Brigitte, ma cousine, qui du fait du retour de ma mère en région parisienne avaient renoué avec nous. Nos entrevues étaient assez gaies, on passait un bon moment, autour d'un petit goûter.
Un autre malheur m'a aussi été évité: ma mère depuis un peu plus de deux ans avait subi les premières atteintes de la maladie d'Alzheimer. Si elle était parfois un peu perdue  sur le plan temporel et parfois spatial, si elle n'avait pas toujours le sens des réalités, annonçant par exemple qu'elle allait se rendre à la salle de bains (alors qu'elle ne pouvait pas marcher), je n'ai jamais perdu le contact avec elle , nous avions , en dehors de cela, des échanges quasiment normaux. Que ma mère ne me reconnaisse plus, soit complètement "ailleurs", je n'ai pas connu cela!
Comme elle en avait exprimé maintes fois le désir, du temps qu'elle avait "toute sa tête", et bien que cette perspective me révulse, le choix de la crémation a été retenu.
Cela s'est passé simplement, sans cérémonie ni discours. J'ai aimé la douceur de ce moment, au funérarium, avant la fermeture du cercueil, où nous étions là , Josette, Brigitte et moi , nous les derniers témoins de sa vie, à échanger nos impressions et nos souvenirs, tranquillement, auprès "d'elle". Un moment authentique: c'est ce que je voulais!
Merci aussi à Annie, la complice de ma vie, de m'avoir pendant tout ce temps soutenu, y compris en m'accompagnant ce jour-là.
Et puis j'ai "descendu" l'urne contenant les cendres jusqu'à Grasse, pour que mes parents soient finalement réunis dans la même sépulture.
Opération évidemment dérisoire, mais qui m'a donné le sentiment du devoir , envers mes parents, enfin vraiment accompli.
J'ai voulu des obsèques sans cérémonie ni discours. Je veux en revanche ici évoquer sa mémoire.
17/4/16.

Voir l'article suivant: TEMOIGNAGES.
http://jsatto.blogspot.com/2016/04/hommages.html

1 commentaire:

  1. C'est très émouvant, Jean Maurice. Très beau, aussi. J'apprecie surtout cette écriture sincère, triste mais authentique qui sort du coeur et va droit vers le coeur.

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