lundi 29 novembre 2010

Les années 60-68.De Sucy-en-Brie à Puteaux.

Ce sont les années de notre adolescence.
Nous quittons le pavillon avec jardin de St Brice sous Forêt pour la "Cité verte" à Sucy-en Brie: nous habitons à présent un immeuble, au dernier de ses dix étages. Deux années passent, et nous déménageons pour Puteaux, au quartier Bellini jouxtant la Défense, puis nous changerons d'immeuble  pour le quartier Lorilleux - sans nous éloigner de La Défense en pleine transformation.

Ma mère dans l'appartement du quartier Lorilleux à Puteaux.On aperçoit les bâtiments voisins.
 
 Le maire, Dardel, est socialiste, et mon père qui vote pour la SFIO s'inscrit à la section locale et participe à des réunions. Il noue des liens avec d'autres adhérents. Dardel sera évincé par Charles Ceccaldi-Raynaud, qui par la suite virera à droite, avant d'être évincé à son tour par sa propre fille. Mon père sera fidèle à Ceccaldi-Raynaud dans sa période socialiste,voire même un peu au delà. La fidélité aux hommes a semblé primer un moment pour lui.

 C'est aussi à cette époque que je découvre dans une armoire d'étranges objets, sur lesquels dans un premier temps mon père se montre très mystérieux, voire secret. Finalement, il m'expliquera ce qu'est la Franc-Maçonnerie, dont les rituels me paraissent assez farfelus à l'époque, même si j'en estime l'inspiration générale. Je comprends aussi pourquoi mon père s'absente parfois pour aller à Paris certains jours où il est de repos. Je me souviens de telle ou telle fois où il allait "plancher" dans sa Loge sur un sujet.
Encore un compagnonnage viril (peu de femmes, peut-être pas du tout dans sa Loge), avec ses rituels: un prolongement plus mature du scoutisme?

 Si je reste assez réticent envers  la franc-maçonnerie, en revanche je serai dans la droite ligne de mon père pour ce qui concerne mes sympathies politiques, sans pourtant adhérer ou militer, car les magouilles locales ne me plaisent pas trop. Je serai d'ailleurs sensible aux critiques visant Guy Mollet et la SFIO en déliquescence de l'époque.1964-65: François Mitterrand  émerge face à De Gaulle en vue de la présidentielle. La politique va commencer à me passionner dans une période dominée pour moi par la figure de Mitterrand, né en 1916 comme mon père (un double de la figure paternelle?), et qui comme à beaucoup me paraît un facteur de régénérescence pour les socialistes.
Mon frère, lui, sauf erreur, reste plutôt indifférent aux idées politiques de mon père, et cela perdurera.

A cette époque, mon père est toujours à la direction de la Réglementation routière au Ministère de l'Intérieur. De temps en temps, il signe sous le pseudonyme de Claude Maurice (sic) des articles audacieusement critiques (nous dit-il avec un air de conspirateur, comme effrayé de sa propre audace...) concernant la réglementation routière dans une revue spécialisée dont je n'ai pas le nom.

Côté vacances, ce sont les années Mantoche : un village de Haute-Saône où nous allons en vacances à Pâques, parfois en Septembre, dans un joli château au toit de tuiles vernissées ,situé dans un parc au bord de la rivière, qui appartient à la police nationale.


A Mantoche, en septembre 1963. Mon père a 47 ans, JC 14, moi 17.
Nous sommes photographiés avec Mme Masson et la famille Pavillon, qui fréquentaient aussi les lieux.

    Puis mes parents acquièrent à Domptin (Aisne) un terrain assez pentu, couvert de pommiers, au fond duquel mon père aidé d'un de ses anciens motards, Bocquenet, construit une cabane de jardin assez sommaire mais qui nous permettra de venir passer là  quelques périodes de vacances.
Mon père - par atavisme familial?- se plaît dans un tel refuge, plongé dans la nature- jour et nuit nous entendions les bruits de la forêt toute proche, le chant obsédant des pigeons ramiers, ou le trottinement des petits rongeurs qui élirent vite domicile sous le toit  par exemple -où l'on mène une vie simple et décontractée loin des contraintes urbaines et professionnelles.

Eté 1964: on aperçoit au fond, au sommet du terrain pentu, l'abri de jardin construit par mon père et un ami (il n'avait pas le permis de construire); au premier plan, mes parents,dans une tenue très décontractée!
Les problèmes pratiques liés à cette propriété amènent mon père à faire la connaissance du maire du village, M.Gérard, un fermier, non dénué d'une certaine noblesse de caractère. Une véritable amitié naît entre eux, fondée sur une estime réciproque. Quand quelques années plus tard, le maire décédera, mon père reportera son amitié sur son fils Marc, dont d'après ma mère il ne cessait de louer les qualités. C'est à Marc qu'il cédera le terrain quand mes parents décideront de se débarrasser de ce bien.


Cette photo  que j'ai prise à Puteaux à la fin des années 60 attire l'attention sur un autre aspect de mon père: il est très bricoleur, comme beaucoup d'hommes.
Mon père n'avait pas une conception très révolutionnaire du rôle de l'homme et de la femme: l'homme travaillait, s'occupait de gérer la paperasse administrative du foyer, la femme devait rester à la maison pour bien s'occuper des enfants, et pour "tenir" sa maison. Néanmoins, les enfants ayant grandi, il lâchera un peu de lest en achetant à ma mère le magasin de mercerie et de vêtements dont elle avait envie pour s'épanouir.



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